TUNNEL DE BASE DU GOTHARD GEOLOGIE SONDAGES |
Fin de la campagne de sondages pour le tunnel de base du
St-Gothard |
Rétrospective de sept ans d'études
géologiques pour |
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Par Peter
Zbinden, directeur d’AlpTransit Gothard SA |
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L’actuel projet de tunnel de base au St-Gothard s’appuie
sur une deuxième campagne d'études géologiques qui a commencé il y a
7 ans et s'est achevée récemment à Sedrun par un sondage à grande profondeur. |
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Fin juillet 1998, le forage oblique de 1730 m
réalisé dans la partie nord du massif intermédiaire du Tavetsch a abouti à un
résultat positif. Il marque la fin des études géologiques, entamées en 1991
déjà avec une première campagne de forages dans cette région. Autre point
fort, on a mis, ce printemps, un terme aux travaux dans le système de
sondages du synclinal de la Piora, chantier qui était en activité depuis
1994. |
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Situation géologique initiale -
Sondages dans les secteurs moins critiques A proximité des portails, quelques forages peu profonds,
complétés par des analyses géophysiques, ont permis de recueillir
suffisamment d’informations. Ainsi, il s'est avéré qu'au portail d'Erstfeld, la
zone de transition entre les éboulis et la roche compacte est passablement
complexe, mais courte. Sur la base de relevés en surface et des expériences
recueillies récemment lors de l’aménagement de la centrale électrique
d'Amsteg, on a estimé que les zones sédimentaires du massif de l'Aare
(Tscharren, Intschi) étaient suffisamment connues. Celles-ci n'ont donc pas
fait l'objet d'études supplémentaires. Grâce à une étude détaillée du
synclinal sédimentaire de Scopi, comparable à celui de la Piora, on a pu
établir qu’il n’atteignait pas le niveau du tunnel à cet endroit. La zone
moins compacte dans les gneiss de la Léventine, qui a été sondée grâce à une
méthode se basant sur des mesures de réflexion d’ondes sismiques, ne devrait
pas poser de problèmes. |
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Sondage du synclinal de la Piora Dès le début des années 60, lorsque l’on a commencé à étudier
le projet d’un tunnel de base sous les Alpes centrales, la question de la
profondeur, de la composition et de l'importance géotechnique du synclinal de
la Piora s'est posée. Les données disponibles n'ayant pas permis d'exclure la
présence de roche instable au niveau du tunnel, il a été décidé, au début des
années 90, de réaliser un système de sondage. Dans une première phase, une
galerie d'accès horizontale a permis de s’approcher de la zone critique. En
fonction des résultats à proximité du synclinal, il avait été envisagé de
creuser un puits à la verticale du tracé et des galeries attenantes juste
au-dessus du futur tunnel de base. L’idée était, d’une part, de pouvoir mieux
étudier les caractéristiques de la zone, et d’autre part, d’entreprendre à
temps, si nécessaire, des travaux de consolidation de la roche. |
C’est en automne 1993 que le percement de la galerie de
sondage de 5'500 m a débuté à Polmengo. (au nord de Faido/TI) Arrivé à
proximité du synclinal de la Piora au printemps 1996, on a procédé à des
mesures sismiques et à des sondages. Les premiers forages ont traversé une
zone constituée de dolomie saccharoïde, de cornicule, de gypse et d’anhydrite,
saturée d’eau à haute pression au niveau de la galerie horizontale,
c’est-à-dire 350 m au-dessus du futur tunnel de base. D’autres forages,
obliques, atteignirent au niveau du futur tunnel une roche dolomitique sèche,
compacte et en partie marmorisée. Au vu de ces résultats rassurants, on a
décidé de renoncer à construire le puits et à effectuer d'autres sondages. |
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Sondages dans le massif intermédiaire
du Tavetsch On s’est rapidement rendu compte que le massif intermédiaire
du Tavetsch, soumis à une forte sollicitation mécanique lors de la formation
des Alpes, est une zone délicate. La première campagne de forages, effectuée
de 1991 à 1993, a permis d’avoir une idée assez précise sur les
caractéristiques de la partie nord du massif intermédiaire, que l’on savait
géologiquement critique. Dans cette zone, la proportion de kakirite, une
roche broyée puis redevenue relativement compacte sous les fortes pressions,
est très élevée. Après avoir modifié le tracé du tunnel prévu jusqu’alors en
le déplaçant de 600 m vers l'est, on a été obligé d’effectuer un autre
forage oblique d’une longueur de 1730 m, juste au-dessous du niveau du
tunnel et jusque dans le massif de l'Aare, que l’on sait favorable du point
de vue géotechnique. Ce forage, achevé récemment, a confirmé les pronostics
géologiques dans la zone nord du massif intermédiaire du Tavetsch. |
Dans la partie sud du massif, il est prévu de construire
une station multifonctions, sorte de gare souterraine. Celle-ci comprendra
des zones d'arrêt d'urgence pour les trains, des liaisons entre les deux
tubes et des locaux pour les équipements de technique ferroviaire. Comme
l'extrapolation des conditions géologiques en surface était considérée comme
insuffisamment fiable pour des profondeurs allant jusqu'à 1300 m, on
procéda en 1996 à un forage oblique de 1750 m vers le sud. Celui-ci ne
rencontra que des gneiss de grande dureté, caractérisés par la présence de
muscovite (mica) sur pratiquement toute sa longueur, mais qui ne présentent
pas de difficulté majeure. |
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Conclusion Les conditions géologiques que l’on rencontrera lors du percement du tunnel de base du St-Gothard ont pu être évaluées à temps et avec une précision satisfaisante. Grâce aux sondages récents, les propriétés géologiques et hydrogéologiques des différentes couches sont en grande partie connues. Le dernier forage oblique de Sedrun étant achevé, la planification de l’excavation peut s'effectuer sur des bases solides. Les incertitudes locales, comme la structure exacte de zones particulières, seront éliminées grâce à des reconnaissances préliminaires effectuées lors des travaux d’excavation. Malgré un investissement total de 132 MFr pour les sondages, certaines inconnues ne seront levées qu’au moment du percement du tunnel. Les programmes d’études géologiques ont toutefois permis de réduire les risques inhérents à la géologie à un niveau acceptable. |